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Un blog qui tente de pousser l'art des miscellanées aux limites du possible : de l'écriture à la lecture, de la politique à la musique, de la critique à la galéjade, du partage à la mauvaise humeur.

De ma fenêtre

Je vous propose ici un exercice d'écriture "en direct" pour période de confinement. Commencé quelques jour après le début du confinement - car j'étais incapable de continuer à travailler sur mon projet actuel -, il évolue chaque jour. Je raconte d’un jet, puis je reviens sur ce que j'ai écris, j'ajoute et retranche, je peaufine, je lime et je lustre, le texte se fabique sous les yeux du lecteur qui ne lira pas demain ce qui est écris aujourd'hui ; et si cela l’intéresse, il comprend le processus de l’écriture, complexe, pas aléatoire, mais plutôt volontariste, qui écartèle l’auteur entre la fulgurance d’une formule bien née et le laborieux chemin qui consiste à trouver LE mot qu’il cherche…

Je ne l’avais jamais vu, il est apparu d’un coup, tout comme la Bête et en même temps qu'elle, peut-être l’a-t-elle ramené dans son sillage.

Chaque soir, quand Marouane a fini de démonter son étal, rentré ses cageots de légumes dévastés dans sa boutique, vidé le rayon de viande et, enfin seul, compte sa caisse ; alors que les volets se ferment, arrive un homme qui se poste dans l’encadrement de la porte du boulanger. Tandis que la nuit tombe sur le silence de la rue, il demeure là durant une heure ou plus, debout, et tripotant son portable à la quête de messages ou d’informations n’ayant pas de rapport avec ce qui nous préoccupe ; n’oublions pas que le Loto continue de fonctionner... 

L’homme est vêtu de noir, pantalon, blouson, chaussures, et sa petite cinquantaine aussi, qui se détache à peine de la niche où il se confine. Il n’a probablement pas dans sa poche une autorisation de squatter l’entrée de la boulangerie abandonnée depuis huit jours. Il s’en fiche. Il est dans sa vie, pas dans la nôtre. Ce soir, épaule calée contre le chambranle, posé à ses pieds un sac de plastique noir, gonflé d’emplettes mystérieuses. Il a l’air satisfait. Les nouvelles sont bonnes. Ou la vidéo qu’il regarde. Ou sa haine du monde.

Que peut-on lui inventer qui puisse nous rassurer ? Il fuit une épouse bavarde et une tripotée de marmots braillards ? Il tente de raviver son petit commerce de beuh périclitant ? Il prend des nouvelles du bled au seul endroit où son phone capte l’information ? Les trois à la fois. Ou bien n’est-il qu’un dingue de plus, de ceux qui deviennent plus visibles, plus prégnant dans le paysage quand celui-ci, subitement se vide ?

Parallèlement Kévin n’est plus qu’un camaïeu d’ombres blanches et et les appartements d’en face d’intrigantes contrées niant la ville paralysée…

J’apprends la lenteur. Je m'applique à ne plus me laisser submerger par l’impatience, tout en éprouvant ce sentiment nauséeux de prendre un coup de vieux, homme solide, contraint par l’environnement, la police, à agir à l’encontre de ce que veut et sait faire son corps. 

Quand j’étends le linge – nous lessivons beaucoup en ce moment – peur panique ou oschterputz ? –, chaque torchon a droit à deux pinces à linge ; je mesure les gestes qui vont l’étirer d’une extrémité à l’autre, le tendre entre ses ourlets soigneusement retournés, j’accroche chaque chaussette séparément, je flatte les jambes de mes jeans afin qu’elle tombent parfaitement parallèles, les caleçons sont choyés comme jamais, mis à l’endroit, royaux, splendides et gonflés où il se doit pour prendre le vent au mieux. Mais il ne faut pas en faire trop, car il y aura le repassage, et si l’accrochage est trop parfait, le vêtement trop tendu, lisse, voire prêt à porter, je limiterais le temps de repassage, et, connement je perdrais le bénéfice du temps perdu… Alors que je repasse beaucoup en ce moment… Soigneusement, calmement, sans hâte ni dégoût. Mes taies d’oreiller n’ont jamais été si heureuses, bichonnées, aplanies sur chaque face, le moindre repli débusqué dans ses derniers retranchements, si j’avais de l’empois, je les empèserais. Les draps y passent en totalité, les jeans les serviettes – de bain ou de table – les « essuie-tout », un vrai bonheur de blanchisseuse… Pendant ce temps-là, le temps passe. Et pendant qu’il passe, ce con, je ne pense pas, ou presque. Ce matin, je lorgne sur les rideaux, j’en compte neuf paires, ils sont hauts et lourds, de matières différentes, difficiles à repasser, un vrai bonheur en perspective… Quand nous aurons tout nettoyé, tout ciré, tout balayé, tout rangé, tout classé, tout jeté, tout réparé repeint rapetassé, quand nous nous aurons un peu plus cassé qu'à l'accoutumé, que nous restera-t-il ? Où passeront nos heures ? 

On ne sait jamais où l’on en est avec Roberta. Innocente et fébrile, elle remplit sa vie d’évènements qui lui sont probablement trop pleins de charge mentale, de culpabilité mal placée et d’espérances vaines. Ses fiancées apparaissent, disparaissent, reviennent, et avec elles les accolades et les bisous enthousiastes au bord du trottoir. Les meubles aussi arrivent et repartent, et les cartons, et les deux jeunes teneurs de murs arabes qui donnent un coup de main pour le déménagement. Roberta, tout le monde l’aime. Avant, elle avait un chien qu’elle promenait sur les quais « à Malraux », et on se faisait la bise, et elle demandait si Éric allait bien. Éric allait bien. Éric va toujours bien, sauf quand ses affaires vont mal. Elle sortait aussi les chiens des autres, pour rendre service, ou parce qu’elle aime ça, la promenade des bestiaux, car on les suit plus qu’ils ne nous obéissent. Ils baguenaudent, nous contraignent à en faire autant, c’est reposant. Mais les chiens on n’en voit plus. Roberta est passée à autre chose. Ces derniers temps j’ai cru à une autre fiancée. A cause des manifestations de complicité entre le pied de l’immeuble et le caniveau – oui, elles prenaient de l’espace, les bougresses. Les sourires, les gestes étaient trop évasés et goulus pour cette rue populaire et renfermée derrière ses moucharabiés improvisés avec des bouts de cartons ou des rideaux prune ou olive.

Mais actuellement une autre dame tient la corde, et des gosses, ceux de la dame. Deux garçons, jumeaux sans doute, âgés de quatre ou cinq ans. Mais l’affaire est plus compliquée car un type est apparu, qui vit là. Je n’ai pas vu de déménagement avec armes et bagage, comme lorsque que s’installe une fiancée, ou quand elle repart, quand la fête est finie, remballant ses meubles et ses chiffons.

Alors, en ce moment, tous ensemble, la nouvelle famille recomposée de Roberta, ils s’échinent à occuper les enfants ; c’est bruyant et encombrant. Du coup, je ne sais plus comment ça marche chez elle, dans ce tout petit appartement hachélème – comme l’écrivait Raymond Queneau – trop étroit sans doute pour contenir cette foule dans des conditions de vie équitables et consensuelles. Surtout quand on n’a plus le droit d’en sortir au gré de ses envies ou de ses désespoirs. La femme est « chez elle », le type, absent, est probablement grognon et pénible à vivre, je l’imagine collé au canapé, les yeux rivés sur son bitonio en permanence, ne sachant quoi capter pour faire du sens, si toutefois ce mec est en capacité de chercher du sens à ce qu’il est et à ce qu’il fait, ou ne fait pas, de sa vie. Bref, je les trouve antipathiques et encombrants. Leur arrive-t-il de sortir, je ne l’ai pas encore constaté, genre couple d’amour prenant soin d’une dose de plein air pour ces si charmants jumeaux en quête d’agitation et d’air frais. Et j’ai pitié pour Roberta, qui – tous comptes faits – n’a que ce qu’elle cherche : des emmerdes, mais du mouvement. Elle fait les courses, transporte les denrées pour tous, les paye certainement de sa poche, et cela lui convient.

A huit heures du soir, quand nous rendons hommage à ceux qui triment pour nous, Raimonda est seule sur son balcon…

Passons au cas de Kévin. On va l’appeler comme ça, même s’il n’a pas le physique fluet qu’on imagine aux Kévin(s). Kévin habite en rez-de-chaussée, aux premières loges, à droite de la grosse aux chats. De mon deuxième étage j’ai une vue plongeante sur son antre. La première fois que je l’ai remarqué, il clopait une clope, pâle comme un boulanger, en caleçon blanc, paquet avantageux ; penché à sa fenêtre, il martelait le clavier de son phone. Pas éblouissant le mec, avec ses trente ans, ses avant-bras tatoués, ses cheveux blonds huileux et rares, ce visage rond et lisse qui me rappelle une actrice dont le nom ne me revient pas ; mais il n'est pas repoussant non plus, car plutôt grand en apparence, avec un corps sans gras, l'homme n’est ni laid ni beau. Cela étant, Kévin a le charme d’un parking de supermarché.

A-t-il une vie, Kévin ? Probablement, et on la lui souhaite plus pleine et goûteuse que celle qu’on lui devine derrière ses rideaux, coincée entre le cendrier débordant de vieux mégots qui repose sur l’appui de fenêtre, et ce chat blanc, que je n’ai repéré qu’hier, semble-t-il l’unique être vivant accompagnant sa vie de reclus plus ou moins volontaire – plutôt contre son gré dans les circonstances présentes.

C’est à la fenêtre de sa chambre qu’il se pointe, chaque fois qu’il ressent le besoin de fumer, cigarette dans une main, canette de Kronenbourg dans l’autre. il émerge du côté de onze heures et lève le volet roulant. Alors on entre dans sa piaule. Côté gauche, il y a le lit, à droite presqu’à toucher les draps, se trouve l’écran de télé, où défilent en permanence des images dont on ne perçoit que les pulsations – le soir, c’est mieux, car Kévin n’éclaire pas la pièce –, une suite d’éclairs syncopés de noirs s’échappe sur le trottoir, les rythmes sont changeants, tantôt skat, tantôt mélopée sirupeuse, le glissando laborieux cède ensuite au hard rock virulent  ; s’agit-il d’un match de foot ou d’un documentaire animalier, film policier ou petit porno pépère ?

Sur le plumard, de jour comme de nuit, il y a la carcasse de Kévin. Tantôt on devine sa présence mais on ne le voit pas, tantôt, il est allongé sur la couette et laisse entrevoir une paire de pieds nus, sinon on découvre la présence de ses jambes aux mouvements qu’elles font quand l’homme change de position. Parfois, il est plongé plus profondément dans sa couche et l’on surprend l’agitation fébrile d’une main qui donne du plaisir.

Comme chaque soir à huit heures, nous applaudissons. Qui ? Quoi ? Je reviendrai sur le sujet. Pendant ce temps-là Kévin tripote son bitonio, aveugle et sourd, sans un regard pour ces voisins intempestifs, il est hors sol.

 

Troisième semaine. Ce matin j'ai vu Kévin sortir de chez lui. Coquet, vêtu d’une sorte de pantalon de toile souple bleu nuit, d'un genre de tunique claire pour le haut. Il y a quelques jours il a raccommodée sa coupe de cheveux dans le genre genre mulet, sans catogan, et c’est passablement raté, mais lui est probablement satisfait : donc il est prêt pour passer au rut. Les heures passent – il est neuf heures et demie du soir – la rue est enfin calme, comme elle devrait l’être en journée, comme les rues le sont en journée dans les quartiers où vivent nos amis et nos collègues. Kevin clope à sa fenêtre tout en buvant au goulot d’une bouteille de crémant de base, à moins qu’il ne s’agisse d’un pinard exotique coulé dans une bouteille de crémant, pour faire chic. L’homme se retourne pour s'adresser à une femme callipyge en collant bleuâtre dont le corps occupe l'arrière plan – mais peut-être est-il d’un coton blanc nuancé par la couleur diffusée par l’écran de télé, d’un bleu, doublé d’un glauque d’huitre qui aurait patienté trop longtemps dans sa caque – elle se tient derrière lui, en un savant déhanché, trop ample, cossu et pâteux, qui dit ce qu’il est, l’art déployé par une femme qui baise avant de penser.

Il lui parle en polonais, donc nous l’appellerons désormais Darius.

La vieille aux chats ? Tout un poème. Il y a une dizaine d’années, un journaliste des DNA lui consacra une élégie, rapport aux chats, pas à la puissance de ses capacités conceptuelles, ni à son œuvre, ni à son utilité sociale. Cela fait vingt ans que je la vois « vivre » aux vitres impaires de ma rue.

Parfois elle part en expédition jusqu’à la place d’Austerlitz – si si, je l’ai vue, poussant d’un pas poussif son corps aux formes bringuebalantes entre les jeux d’enfants et les hordes de touristes chinois – ils vont finir par nous manquer, ces cons… 

Chez Marouane – pardon, Au Jardin d’Orient –, la culture du souk s’exprime à pleines voiles, elle s’évase jusque dans la rue, devient plus visible et lisible à mesure que la ville se mue en désert urbain, et l’on sent s’exhaler, sans sortir au vent, tous les parfums du peuple arabe et des cousins d’Afrique, ceux-là qui là-bas, au-delà de la Méditerranée, attendent la catastrophe annoncée.

C’est le règne absolu du n’importe quoi, et l’on s’interroge : s’agit-il d’une insouciance atavique de peuples qui en ont connu d’autre, d’une naïveté confiante, construite au cours de ces si longues années passées à ingurgiter des émissions de télé débiles – et l’on en finit par se persuader que les américains finiront bien par sauver le Monde, avec les concours conjugués de Bruce Willis, Brad Pitt, Arnold Schwarzenegger et Léonardo Di Caprio –, ou un sentiment de puissance indéboulonnable, un hubris auprès duquel le melon surdimensionné de Bennacer passe pour un pois chiche desséché flottant à la surface d’une eau de fond de chiotte ?

Tout au long de la journée, se joue le spectacle du défilé de marionnettes qui viennent, et passent, ou passent, s’arrêtent devant l’étalage, continuent leur chemin, se ravisent et font demi-tour, stationnent, hésitantes, avancent et reculent, entrent dans la boutique, ressortent à vide, rentrent à nouveau pour au final repartir sans rien, ou avec un presque rien, un citron, un petit gâteau visqueux, un bonjour du patron. Ce qui est peut-être le plus fascinant, c’est cette capacité des gens à se déplacer pour se munir d’un iota, un atome, d’une forme de vide : deux patates (je ne mens pas), un bouquet de persil, une pomme… Rien qui justifie la gestation de ce cluster de quartier, ce bouillon de culture autour duquel je peux dénombrer, à mesure que la journée avance, ces milliards de saloperies invisibles qui montent en vibrionnant jusqu’à mes narines angoissées, exhalées par le connard qui fume depuis une heure à l’aplomb de ma fenêtre… Ils viennent tous les jours, voire plusieurs fois par jour, cracher leurs postillons sur la marchandise et le marchand, certains ondulant des hanches et des épaules – dont on se demande d’où ils viennent –, 4X4 garé en double file, clignotants, moteur en marche, décontractés du gland, leur voix faisant ombrage aux rares bus dont le ronronnement gazeux nous est devenu incongru. Et pendant que le pétrole de leur bagnole brûle, empestant l’air qui commençait enfin à respirer, ils s’attardent en plaidoiries orientales, organisant la pandémie en toute innocence et plénitude.

En voilà un qui déboule, quelques instants après l’arrivée devant la boutique d’une femme, sortant d’Auchan, ayant acheté un indispensable pack d’eau – plate –, qui, ayant lu l’affichette du commerçant s’est plantée devant la porte pour respecter la consigne : « pas plus de deux clients à l’intérieur ». Le bourrin sort de sa caisse – une gamine sur le siège avant sans ceinture de sécurité, un clébard à l’arrière qui aboie –, il sort avec la fille, traverse la rue et rentre chez Marouane, passant sans hésiter devant la femme disciplinée, perplexe, et soumise… Il ne sait pas lire, probablement…;

et celui-là qui gare son Audi de deux tonnes en double file pour aller quérir deux packs d’eau – plate – ;

et cet autre qui passe ici au moins trois heures par jours à blablater, fumer, cracher à la gueule des gens son inanité et ses névroses ;

Un black : deux oignons ;

Une mamie : un bouquet de persil, elle entre pour payer, sort, s’éloigne, se ravise, rentre, croisant trois pékins agglutinés sur le pas de porte, ressort : pourquoi ? nul ne le saura jamais, à commencer par le médecin réanimateur exaspéré et exténué… ;

Un chibani : deux bananes ;

Un marocain : une tête d’ail ;

Une folle dingue, caucasienne, décolorée, pantalon rose arrimé à ses bourrelets roses, vingt minutes d’attente pour ressortir de la boutique avec un gobelet – de café ? indispensable ;

La vieille folle aux cheveux noir de geai, sans ses deux chiens teigneux, qui passe chaque jour pour causer ;

Un autre black, qui gueule visage à cru vers le lampadaire : « les filles, à cause d’eux, je les vois pas ! … et le patron… », le reste de la jérémiade se perd dans la nuit ;

Et puis le jeune somalien ou éthiopien, corps de gazelle, fringues immuables : jean noir et T-shirt blanc, je le connais comme un garçon sporadiquement employé par le commerçant à quelques tâches de manutention. Apparemment il loge chez Adoma. Aucun stigmate sécuritaire, il touche à tout, parle sous le nez des vieux chibanis, expulse ses excédants pulmonaires, puis aide à sortir d’un coffre de voiture la marchandise qui arrive régulièrement, d’on ne sait où, amenée par des « bénévoles », des copains, l’épouse de Marouane, à mains nues, pas lavées, pas protégées, offertes au vent mauvais. Je présume qu’il habite chez Adoma, au coin de la rue ; il ne pratique pas la distanciation sociale mais la socialisation de proximité… ;

En voilà deux autres qui déboulent. Un petit camion dont ils ouvrent les portes, baissent le hayon, les cageots plein de marchandise tombent et s’épanchent sur le goudron ; à pleines mains les types ramassent les oignons, les laitues, la coriandre, le bulbes de fenouil et les navets, qu’il versent en vrac dans leurs contenant, qu’importe la manière, cela se vendra bien.

Apparition des salafistes en tongues, blanches tuniques et bonnet blanc, on ne les avait jamais vu ici, d’où viennent-ils ? de quel quartier, de l’immeuble d’à côté ? prenant tout à coup la responsabilité des courses alimentaires, ou bien sont-ils là en mission, profitant des bouleversements récents pour s’immiscer dans des quartiers à prospecter ?

Adoma : fournisseur de traîne-savates… ; je ne sais plus si tous ces gens m’exaspèrent ou si leur sort m’afflige. Toutes ces vies qui se réduisent, au prisme de ma lucarne, à des petits riens pitoyables qui n’inspirent pas la pitié. Il est facile de compter les coups depuis mon deuxième étage bourgeois, de les promettre chair à Covid, de les prédire victimes, et d’en déduire leur responsabilité – réelle, car ce sont bien eux qui se comportent ainsi, pas moi – car ils sont et seront agents propagateurs du mal. Mais moi, qui suis-je pour en juger ?

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